Ils étaient – à ce qu’il pouvait constater – chacun au même point. À savoir essayer de reprendre sa respiration pour éviter de mourir, mais ils continuaient quand même leur baisé. Il avait finalement trouvé aussi maso que lui, bon point (a). Tout s’était passé bien trop vite. Enfin, c’est toujours ce que l’on se dit quand tout est terminé et que l’on ne peut pas en profiter indéfiniment. Non et puis, la vodka ferait trop de ravage sinon et les voisins n’allaient pas apprécier, quoique il s’en fiche royalement, bien au contraire, il s’en amusait de ne pas laisser les autres tranquilles alors que tous deux prenaient du bon temps. Egoïste, oui, légèrement mais comme si personne avant eux n’avait pensé ça, impossible ! Il sourit dans leur échange en restant proche de son corps encore si chaud. Il profitait de chaque moment, comme si c’était le dernier avant des années. Profiter du moment présent, « Leb’ die Sekunde ». Sauf qu’il n’avait plus « keine Zeit » car il voulait profiter de ce peu de liberté qu’il volait pour enfin vivre comme il en avait un peu envie et pas comme tout le reste du monde lui imposait.

Quand il la regardait, il se sentait vivant. Merde – pardon – mais c’était vrai, il se sentait enfin libre de ses actes et paroles. Sauf que comme tous les rêves, tout à une fin, belle ou non d’ailleurs. La plupart du temps, les histoires se terminent en drame. Dans la vraie vie, bien sûr. La vie n’étant jamais un conte de fée. Au début si, et puis l’on déchante si rapidement que le rêve se transforme en pire cauchemar où se réveiller devient une impasse impossible à franchir. C’était encore pire que la prison. Dans ce lieu, vous savez que vous n’avez pas de liberté, mais vous en êtes conscient. Dans le cas de l’androgyne, la liberté est si proche que voir que l’on ne peut rien faire sans s’en prendre plein la gueule, c’est encore pire que tout ce qui peut exister dans le monde.

Exagéré ? Peut-être un peu, mais ce n’était que ce qu’il ressentait depuis la dernière tournée du groupe, autant le dire franchement, même s’il se répète. La faute à l’alcool nous allons dire. Une chose restait certaine, il ne pourrait pas tout oublier de cette soirée, aussi floue soit-elle par moment. La sensation de leur lèvre connecté, de celle de Jenny qui taquinait son cou ou comme maintenant remontait délicieusement vers son oreille. Mme Vodka lui laisserait – il l’espérait – des souvenirs comme ceux-ci. Il ne pouvait pas espérer mieux pour le moment. Il ne voulait pas que tout redevienne normal et tellement monotone demain. Hors de question. S’il devait se prendre la tête avec David, ça ne changerait plus rien de toute manière. Il lutterait jusqu’au bout s’il le fallait, sinon il ne voit pas pourquoi il continuerait encore de croire au groupe. Enfin, oui, bref.

« Pourquoi pas une douche avant de dormir »

Un petit sourire restait scotché sur ses lèvres et il embrassait encore la jeune femme avant de se mettre debout. Pardon, je reprends. D’essayer de se maintenir en équilibre sur deux pieds. Il ne savait pas si c’était le fait d’être nu qui le faisait perdre autant la gravité terrestre, ou si c’était la vodka et le sexe ensemble. Deuxième solution ! Mais il réussit à prendre appui et aida sa partenaire à se lever. Elle qui est mateuse professionnelle, elle aurait tout le loisir de faire ce qu’elle savait faire de mieux maintenant. Il ne doutait pas du fait qu’elle l’ait déjà fait, mais bon, debout à quelques centimètres d’elle, il lui offrait une belle vue, il en était conscient – plus ou moins bien entendu. Il avait été évident qu’il accepte de dormir. D’un côté oui, d’un côté non, mais bon, il ne voulait pas non plus avoir trois tonnes de cernes sous les yeux demain matin. Oh oh, ancien Bill revient, pas cool ! Mouais, il essayera de ne pas trop lui faire peur aussi demain matin …

En aidant Jenny à se lever, lui-même faisait attention de ne pas faire un pas de trop et marcher sur quelque chose. Encore, les vêtements – surtout les siens – il s’en fichait, mais le préservatif et le sac, ce serait deux très mauvaises idées. Finalement, à deux, ça paraissait largement plus simple et heureusement d’ailleurs ! Il suivait – main dans la main – la jeune femme sans se gêner pour regarder chacun de ses courbes et atterrit en moins de deux secondes dans la salle d’eau. Il reçut un baisé avant d’entrer sous l’eau avec elle. La température était juste bien, même pour lui qui prenait des douches brûlantes à faire rougir sa peau au maximum. Faut croire que le sport lui donne envie de prendre des douches plus froides. Quelle idée ! Bref. Encore très rapidement, il se retrouvait contre la paroi – froide, qui lui valut un frisson – avec ces lèvres devenues si familières sur les siennes. Le gémissement de son interlocutrice lui déclencha un autre frisson mais cette fois-ci non du à la fraîcheur de la paroi. Par contre, il gémit à son tour en sentant les mains de sa brune qui descendaient si bas. Il ne pourrait pas se réveiller de sitôt, aussi sensuelles et taquines pourrait être ses caresses, mais c’était juste tellement bon qu’il comptait bien se laisser faire, posant lui-même ses mains sur le haut des fesses de la demoiselle.

Une douche tout à fait innocente peut très vite se changer en moment « hot » mais il essayait de faire abstraction de ceci. Une autre fois sûrement. Plus il pensait à un autre moment à passer avec elle, plus avait réellement l’intention de faire en sorte de la revoir. Ne parlons toujours pas d’amour. Juste une envie de passer du temps en bonne compagnie et puis, peut-être que sans vodka ce serait encore mieux ? Seul le hasard peut le dire cependant et pour ne moment, chacun d’eux aurait besoin d’aspirine demain matin et de fond de tient. Surtout lui, s’il comptait rentrer et espérer ne pas mourir tout de suite en tout cas. Elle, bah, il ne savait pas ce qu’elle ferait le lendemain et il espérait ne pas chambouler son emploi du temps. Oui, il pense à quelqu’un d’autre que lui, ça va, ce n’est pas si grave que ça quand même hein !

Il laissait bien lentement ses mains descendre et venir caresser les cuisses de son « amie ». Son impression que la vodka disparaissait n’était pas fondée, mais il avait l’impression que tout tournait moins déjà et que quelques neurones reprenaient du service. À moins que ce soit le contrecoup de l’orgasme, il ne pourrait pas vraiment en juger de lui-même. Mais la douche ne devait non plus durer trop longtemps, il se voyait mal refaire ça maintenant et il n’aurait même pas la force de chercher une capote. Donc bon, il se détachait d’elle tout en délicatesse et attrapait un savon. Genre histoire de faire ça comme il le fallait. Il en mit dans le creux de sa main et frottais du plus énergiquement dont il était capable avec son autre main, avant d’entamer de savonner la jeune femme. Quoi ? Il connaissait assez bien son corps pour se permettre ça et puis, c’est toujours mieux quand c’est quelqu’un d’autre qui le fait. Surtout plus excitant mais il n’avait vraiment plus de force pour ça.

Cette scène plaisait beaucoup au brun. Sentir ce corps si proche du sien, pouvoir avoir des flash des moments intimes qu’ils venaient d’échanger, toucher cette peau dont il devenait de plus en plus accro et se laisser faire sous le toucher de la belle brune. Tout ceci reflétait le bonheur absolu dont il pouvait disposer cette nuit sans aucune contrepartie. Même s’il savait s’y faire et qu’il donnait le plus « d’amour » à sa charmante partenaire. Il ne serait pas égoïste au point d’en oublier totalement les attentes et besoins de la personne qui se tenait juste en face de lui. Quand même ! Chaque caresse de Jenny lui faisait un bien fou, bien qu’il n’en oublie pas qu’ils n’étaient sous la douche que pour être tout propre ensuite. D’ailleurs, elle avait du le comprendre, même si quelques baisés se perdaient, mais il n’allait pas s’en plaindre. Après s’être rincé tout deux, ils sortirent, l’androgyne profitant encore de pouvoir voir le corps de la demoiselle sans retenue. Il dut revenir sur terre en la voyant lui tendre une serviette, qu’il attrapa évidemment et se sécha. Sa nudité ne lui posait pas plus de problème que ça, en même temps, avec ce qu’il venait de faire, ce serait le comble d’être gêné hein.

Quelques instants pour retirer toutes les gouttes qui perlaient sur son corps et il passait une main dans ses cheveux. Bon, ça, il le ferait en détail demain, il n’avait plus la force nécessaire de se battre avec sa masse de cheveux donc ils seront en mode guerrier le lendemain matin, mais il s’en fichait totalement en fait, espérant juste qu’elle n’aurait pas peur de sa touffe du réveil, ce serait dommage. En entendant sa voix, il délaissa la serviette pour se retrouver avec quelque chose devant son nez. C’était juste la première fois que l’on proposait une brosse à dent. Ce n’était même pas bizarre, il était juste totalement fan de la proposition. Sérieusement, qui aurait pensé à lui prêter ça ? C’est le truc le plus indispensable quand on a trop bu et surtout en lendemain de soirée, ou avant d’aller dormir. Il resta quelque peu statique avant de prendre la brosse à dent.

Quel bonheur de se brosser les dents et ce n’est pas du tout une blague ! Le goût de vodka disparaissait – dommage que les effets ne puissent pas partir si rapidement – et il en était ravi ! Une fois fait, il revivait quoi. Il suivit sa brune jusqu’à sa chambre sans histoire et la regardait prendre place sur son lit – immense soit dis en passant – et y prit place à son tour. C’était largement mieux que le canapé et il se dit que la prochaine fois, il devrait essayer de lit, ce serait plus spacieux quoi. Il sourit à cette idée et se tourna vers elle pour l’embrasser, remontant la couverture sur eux. Bah oui, nu, il fait quand même un peu froid quoi. Logique. Et s’il avait un problème de voix en prenant froid, il serait un homme mort de chez mort. Il soupirait de plaisir dans leur baisé et s’approchait au plus près de son « ami ».

Une question poussait dans sa tête. « Et demain ? ». Depuis le départ, il se disait qu’ils verraient demain, mais il ne savait même pas jusqu’à quand il pourrait rester. De plus que sans portable, il avait de grande chance de ne même pas savoir s’il y avait une réunion au studio ou d’autres trucs du genre. Et si elle prenait peur en voyant Bill Kaulitz dans son lit ? Pas étonnant, qui pourrait croire que c’est la réalité en même temps. Le chanteur balayait tout ça de sa tête. Déjà qu’il aurait mal à la tête demain matin, alors autant que ça ne commence pas tout de suite, sinon il ne pourrait pas fermer l’œil de la nuit et ça, ça l’embêterait beaucoup. Il entourait la taille de la brune d’un de ses bras et prolongeait encore le baisé. À croire qu’il voulait mourir de non-oxygène avec un baisé si loin. Faut vraiment être malade pour faire ça, voilà pourquoi il le fait, bien sûr.

Sentant qu'il devait se pousser, l'androgyne ne résista pas quand la jeune femme bougeait contre lui. Il comprenait et puis, il en avait oublié de respirer, donc elle avait eu finalement une bonne idée. Wow, il arrivait à réfléchir comme ça ? C'était le dentifrice qui faisait partir la vodka ou quoi ? Ce serait merveilleux non. En se brossant les dents, pouf, plus d'alcool dans le sang. Oui, le monde magique ! Pas de mal au crâne le lendemain, ce serait la fête et c'était le cas de le dire. Passons. Ils avaient encore échangé un petit baiser en surface et il se retrouvait totalement allongé dans le lit de sa brune. Son corps paraissait totalement en mode « off » alors que son cerveau reprenait petit à petit de son travail. Ce n'était que l'avant goût du mal de crâne qu'il aurait demain, en même temps que la demoiselle dont les lèvres s'étaient reposés sur sa peau. Plus elle descendait, plus il réalisait que son corps était bel et bien hors service. Ses frissons avaient l'air d'indiqué le contraire, mais il n'était plus bon à rien après tout ce qu'il s'était passé. Demain est un autre jour, évidemment.

Il soupirait d'appréciation quand les lèvres de Jenny remontèrent vers son torse, puis sa pomme d'Adam – encore un frisson – jusqu'à finir sur ses lèvres. La fatigue prenait de plus en plus d'espace en lui. Il accueillit son « amie » dans ses bras, le refermant autour d'elle pour se sentir plus proche qu'il ne l'était déjà. Sa respiration cognait sur son épaule et il en sourit tellement c'était agréable comme sensation. Ses yeux clignèrent plusieurs fois, se battant avec son envie de rester encore éveillé pour profiter de la soirée : en vain. Il céda rapidement, surtout en entendant les dernières paroles de sa belle brune pour se soir. Il remuait à peine contre elle en trouvant la bonne position pour dormir et murmurais à son tour à l'oreille de son interlocutrice :

« Merci, toi aussi Jenny »

Son corps n'en pouvait définitivement plus. Il se laissait complètement aller vers le monde des rêves. Ça avait l'air si paisible de partir ailleurs de cette façon. Son cerveau mettait le mode nuit et il pouvait enfin savourer le calme et le silence, bien qu'il détestait ça en plein jour. Sentir encore ce corps chaud contre le sien, les souvenirs de ce qu'il venait de faire, son cœur repartait de plus belle. Le dernier sentiment qu'il ressentit avant de s'endormir pour de bon fut d'être heureux. Simplement. Rien de l'atteignait plus du reste du monde que ce qu'ils venaient de faire et la soirée qu'il venait de passé. Bon, c'était dans le mauvaise ordre, mais c'était encore dur avec le taux d'alcool qu'il avait dans le sang. Être juste paisible et pouvoir oublier que demain, ce sera la pire journée.

*Ellipse jusqu'au lendemain*

Un rayon de lumière traversait la chambre. Pourtant, ce n'était pas ça que le réveilla ce matin. C'était cette étrange sensation de chaud contre lui et cette tête qui lui faisait tellement mal. Il n'était pas encore réveillé, mais il sentait déjà que ce n'était pas son lit et encore moins son frère contre lui. « Mon dieu » fut sa première pensée de la journée. Il ne savait pas du tout où il avait atterrit et il se demandait ce qui allait se passer. Il ne préférait ni bouger, ni parler et encore moins ouvrir les yeux. Il appréciait juste ce moment de chaleur et de bonheur étrange qu'il ressentait toujours. Il ne voudrait pas perdre cette sensation, pas tout de suite. Et puis, la personne avec qui il était se rendrait bien compte du problème. Lui en profitait au maximum encore quelques temps, avant qu'il ne doive repartir … Pour de bon.

Le matin, ça ne devrait même pas exister tiens, ça arrangerait pas mal de monde et effacerait bien des problèmes, genre la gueule de bois du lendemain de soirée, exemple type. Plus il essayait de se dire qu’il pourrait se rendormir et profiter encore de ce moment que sa tête tapait de plus en plus fort. Oh non, il n’avait vraiment pas envie que cela vienne tout gâcher déjà. Il haïssait avoir la migraine ou toute autre maladie. Mais il ne pouvait rien faire à par la subir ou prendre une aspirine, ou encore un café. Au moins profiter de la chaleur d’être contre quelqu’un, sauf que celle-ci disparaissait d’un coup. Ouvrant les yeux d’un coup trop vite, il dut les refermer rapidement pour ne pas être aveuglé trop longtemps par la lumière. D’accord, la journée commençait moyennement bien, mais il pensait déjà qu’il n’avait prévenu personne qu’il ne rentrait pas de la nuit. Ah oui, mais il n’avait pas le droit de sortir. Bref. Il soupirait et entendait un genre de bruit de porte. Tiens, ça lui disait quelque chose ça. Son cerveau bouillonnait déjà alors il ne pourrait pas se le remémorer tout de suite, c’était certain.

L’eau coulait et lui ne voulait toujours pas bouger. Il n’avait cependant pas le choix du tout et il devrait affronter cette journée. Enfin, d’abord la jeune femme – il supposait avec l’odeur. Il savait que son nom commençait par un « J ». Yeah, c’était déjà ça pour sa petite mémoire de poisson rouge. Mémoire qu’il utilise seulement pour les paroles des chansons … ou dans des cas sélectifs. Jenny. Ça sonnait juste et puis, au pire, il aurait l’air con, ce n’était pas une première pour lui. Il ne se rendait pas trop compte que c’était la première fois qu’il n’hésitait pas tant sur le prénom de sa « conquête ». Ou bien était-elle une amie ? Une amante ? Merde, il ne savait plus. Si, il l’avait rencontré hier mais en se sentant totalement nu, il rougit automatiquement. Ce n’était toujours pas la première fois qu’il faisait ça mais normalement, il partait toujours au beau milieu de la nuit. Il avait été tellement bien avec elle qu’il n’avait même pas pu se réveiller.

« Matteuse ». Ce mot revenait dans sa tête et lui étira un petit sourire sur ses lèvres alors qu’il ouvrait lentement les yeux pour que la lumière ne l’éblouisse une seconde fois. Il remarquait qu’il était bel et bien seul – pas qu’elle le surveille à distance – et que les rayons amplifiaient son mal de tête. Il se redressa avec précaution et regardait autour de lui. Sûr qu’il était dans une chambre de fille. Pour une fois qu’il ne se retrouvait pas avec n’importe quoi. Malgré ce bordel dans sa tête, il visualisait bien la chambre et la personne qui avait été avec lui cette nuit. Une jeune femme emplie d’une passion pour la photo – il se demandait s’il n’avait pas essayé de le deviner hier soir – et qui aimait vivre. « Le rêve » se dit-il avant de regarder la porte de la salle de bain s’ouvrir.

Son sourire s’agrandit en la voyant. Ses souvenirs remontaient – autant que le tapage dans sa tête augmentait d’un cran – et il pouvait admirer en étant sobre la demoiselle qui lui avait tenu compagnie cette nuit. Elle lui posa une robe de chambre noire – « délicate attention » se dit-il en ayant l’impression que ce n’était pas la première – et elle lui fit signe vers la porte. Il acquiesçait sans trop savoir ce qu’elle lui disait et la suivait du regard pour la voir disparaître après la porte. Elle était belle c’était certain et il était agréablement étonné de voir qu’elle agissait normalement avec lui. Pouvait-elle ne pas le connaître ou bien était-il enfin tomber sur une fille normale ? Deuxième possibilité selon lui et il en était ravi ! Il se leva, chancelant sur ses jambes et respirant un grand coup pour ne pas vomir ou tomber dans les vapes, enfilait le tissu sur lui et descendit à son tour.

Heureusement pour lui, il repéra facilement son « ami-amante » assise sur une chaise, une tasse à la main et le regard dans le vide. Là, c’était le moment de « help-je-ne-sais-pas-quoi-faire » mais en tant que chanteur célèbre, il ne se pouvait pas de céder à la panique. Tout irait bien, n’est-ce pas ? Il ne savait plus et sa tête n’était pas prête à l’aider avant de lendemain voire le surlendemain ! Au revoir paroles de chansons d’ici là et il en était ravi. Avec un sourire assez mal réveillé, et un réflexe de toucher ses cheveux pour se les aplatir – histoire de ne pas ressembler à un lion (a) – il s’avançait vers la table et prit place en face d’elle. Ne sachant pas quoi dire – l’embrasser ou quoi par exemple – il tenta simplement et normalement :

« Bonjour Jenny »

En passant pour rejoindre son ami – on va dire ça comme cela pour le moment – il avait remarqué le tas d’habits sur le sol près du canapé. Quelques flash-back lui revinrent et il en sourit de pouvoir se rappeler de ce bon moment. Ce n’était pas la première fois sur un canapé, mais ça avait été doux et puissant à la fois, enfin c’était ce que sa mémoire lui disait entre deux maux de tête. Voir le préservatif le rassurait. Apparemment ils avaient été assez intelligents hier soir pour ne pas oublier ça, même s’il en voyait un autre à côté. Bizarre. Il n’y fit pas plus attention car son regard était envouté par la jeune femme. Non pas qu’il pense déjà être très souvent avec elle, juste que cette nuit là, il ne l’avait pas considéré comme une conquête qu’il lâcherait le lendemain. Sinon il se serait déjà rhabiller et serait parti sans même un regard. Amoureux ? Non, et il croit l’avoir déjà ‘ clairement ‘ dit hier soir. Ou pas. Il soupirait en sentant sa tête de plus en plus proche de l’explosion.

Une main se posait sur son front, massant un peu ses tempes et il releva vivement la tête – bonne erreur il avait encore plus mal – en entendant son prénom. Ils étaient tout deux très doués pour se souvenir de celui de l’autre. Il en était ravi personnellement. Elle faisait partie des personnes que sa mémoire retenait. Ça le rendait foutrement content. Il esquiva un sourire en cachant quelque peu son cerveau qui cognait contre tout le reste de son corps. « Foutue vodka » s’insulta-t-il lui-même finalement. Il bougea un peu en voyant la brune se lever – ne manquant pas de la regarder avec précision – et du se redresser un peu pour pouvoir lui répondre nettement.

« Un café, s’il te plaît »

Encore une excellente attention, il se sentirait presque poussé des ailes. Il la regardait faire et attrapa la tasse en murmurant un « merci », ce qui était la moindre des choses ! Ses yeux fixèrent la couleur noir prononcé du café. Il devrait le boire d’un trait pour aller mieux très vite, mais il avait peur que son estomac ne le supporte pas ainsi. Autre chose – maintenant que quelques neurones fonctionnaient avec l’odeur de sa boisson – il avait été très étonné de ne pas entendre son nom de famille. Elle l’avait peut-être oublié mais se réveillé avec un « Han Bill Kaulitz le chanteur de Tokio Hotel ! ». Sans blague, comme s’il ne savait pas qui il était … Bref. Il bue une petite gorgée et posait la tasse délicatement sur la table.

« Eum … oui, merci »

Les propositions accumulées avaient débordés de sa tête mais il avait comprit que s’il lui fallait quelque chose, il pourrait se servir. D’accord, elle était très attentionnée, la femme parfaite, mais est-ce qu’elle le serait longtemps ? Surtout avec un affreux caractère comme celui de Bill – qu’elle n’avait pas encore pu endurer d’ailleurs. Bref, il continuait de boire pour faire passer le mal de crâne intense qui le foutait tellement mal et pour le réveiller un peu, quoique cela fasse bien plus l’effet contraire finalement. Il relevait encore le nez de sa tasse et hochait la tête à Jenny. Il comprenait qu’elle soit fatiguée et pas en forme, tout comme lui en fait. Maudite vodka, mais en même temps, c’était grâce à elle qu’ils s’étaient rencontrés.

Un frisson le prit en sentant la peau de son amie contre la sienne. Son regard s’interdisait de croiser le sien. Imaginez qu’elle croit … Qu’elle croit quoi de nouveau ? Il avait oublié. Il sourit tout de même et continuait de profiter de son café chaud. Quand sa tasse fut complètement vide, il hésita et se leva. Dur de faire ça. Il soupirait sans retenu et remarquait un téléphone fixe qu’il prit en main. Il se figea alors qu’il faisait le numéro de David. Ah non, ce n’était pas bon de faire ça. Il n’aurait pas du sortir et encore moins passé la nuit chez quelqu’un. Il reposa le combiné à sa place et entreprit de rejoindre Jenny.

Salle de bain. Toilette. Il n’arrivait même plus à se souvenir d’où il était parti ce matin. Quand il réussit enfin à trouver la chambre, il vit qu’elle était étalée sur le lit. Il se demandait comment ils avaient fait pour dormir ensemble alors que lui aussi prenait toute la place habituellement dans le lit. Ils s’étaient bien trouvés vu que chacun d’eux avait abandonné leur quotidien pour être ensemble. Il chassa cette pensée de sa tête et s’avançait vers le lit, prenant place à côté d’elle de façon à ne pas la déranger. Être couché faisait largement moins mal à la tête et il appréciait de ne pas avoir envie de vomir – merci le café.

Les yeux grands ouverts, il ne pouvait plus s’empêcher de la regarder. Quelques épisodes de la veille revenaient petit à petit et il en était ravi. Mieux même, il était comblé, mais bon, parler de cette soirée n’était pas dans ses options. Il se tenait juste couché de côté à la contempler et profiter pleinement de ce bonheur auquel il avait toujours aspiré. Les autres pourraient aller bien se faire voir une journée, il avait décidé de ne se montrer que ce soir et ça lui convenait – personnellement – à merveille !

Leur regard se croisèrent et se soutinrent enfin. Il adorait vraiment cette façon qu’elle avait de l’hypnotiser de cette manière. L’amour ? Il en avait déjà largement parler, il croit. Des sentiments peut-être mais rien de concret. Pourquoi s’attarder là-dessus de toute façon, on lui interdirait de voir quelqu’un. Conneries ? Il était d’accord mais Bill Kaulitz devait attendre le grand amour et dire qu’il avait rencontré cette jolie brune en boîte, qu’ils avaient couchée ensemble le premier soir … Mauvaise histoire, aussi vrai soit-elle. Son frère avait cette « chance » de pouvoir dire qu’il ramenait une fille chaque soir, personne n’en faisait une histoire. Alors que lui, et bien, c’est soit il est gay soit il attend la femme de sa vie. Au final, tout le monde devrait n’en avoir rien à foutre. Mais non, c’était toujours les mêmes questions, les mêmes images truqués et cette pression sur lui. Il aimerait avoir une petite amie comme Gustav et Georg, il les enviait tellement !

Les prunelles chocolat de Jenny le ramenaient si bien sur Terre qu’il se laissait aller à ce doux regard sur lui. Il pourrait penser à construire quelque chose peut-être ? Bill en mode chiant qui refuse de céder à ça revient en force, donc c’était foutu. Dommage. L’espoir fait toujours vivre. Ses yeux descendirent vers les lèvres en mouvement de la jeune femme. Oui, il voudrait l’embrasser, mais serait-ce une idée folle après ce qu’ils avaient fait ? Non, mais était-ce seulement à cause de l’alcool cette soirée ? Il ne le pensait pas en tout cas. Il se réveillait en ne l’entendant plus parler. Merde, qu’avait-elle dit de nouveau !? Un truc de remède et vodka. Ah oui !

« C’est certain, mais ça faisait du bien de sortir » avoua-t-il sincèrement. « Moi aussi je te rassure, mais ton café m’a déjà bien aidé en tout cas » ria-t-il en imaginant ne plus avoir mal à la tête et sortir une seconde fois se soir.

Si seulement les rêves étaient réalisables ! Quelques briques de souvenirs revenaient un peu. Un tatouage qu’elle avait peut-être. Une histoire de cassé quelque chose. De la chaleur. Des portes !? Un taxi. Ah oui, il ne savait même pas où il se trouvait. Quoiqu’il n’en ait rien à foutre du tout en fait, il préférait ne pas le savoir finalement comme ça, son esprit ne lui dicterait pas de le dire – par n’importe quels moyens – à son manager qui ne perdrait même pas de temps pour faire tout l’immeuble et défoncer la porte de l’appartement ici présent. Superbe vie oui, il l’échangerait bien ! Sauf la compagnie dont il disposait désormais.

La couverture le réchauffait – logique c’était sa fonctionnalité – mais il en profitait pour se rapprocher de sa belle brune. « Sa » serait exagéré mais bon, plus il réfléchissait, plus il avait envie de la revoir. Si elle ne l’avait pas encore mit à la porte, c’était qu’elle acceptait sa présence. Non ? Oui, c’était presque certain pour lui, même s’il ne comprenait pas grand chose à la gente féminine. Et encore moins masculine, mais c’était un autre débat qui n’était pas dans le sujet de maintenant. Bref. Un sourire fendit sur ses lèvres. Il se souvenait vaguement lui avoir dit qu’il n’était avec personne hier soir, une histoire de copine qui ne laisserait pas son mec aussi séduisant sortir seul.

« Toujours célibataire malheureusement et ça ne risque pas d’être une copine qui débarque dans ton appartement … » " mais pire " pensa-t-il en fermant ses lèvres pour ne pas le dire à haute voix. « Et toi ? J’imagine que ton copain pourrait avoir les clés et rentrer dans l’appartement, monter dans ta chambre et me voir ici. Ce serait bête qu’il me fasse passer par la fenêtre » sourit-il.

Au moins, il n’aurait pas besoin de faire l’album, supporter encore la discorde dans son groupe, l’éloignement avec son double et la pression incessante de leur manager. Qu’elle lui dise que ce scénario pourrait se passer le rassurait d’un côté. Autant qu’il préférait rester avec elle. Oui, il se rapprochait de plus en plus d’elle, mais il ne voudrait pas se poser trop de questions. Si elle avait quelque chose à lui dire, le jeter ou d’autres choses encore, il préférait avoir été avec elle assez longtemps pour apprécier encore sa présence. Donc c’était naturellement qu’il craqua et posait ses lèvres sur celle de la demoiselle, guettant une réaction sans relâcher cependant la pression qu’il exerçait sur celles-ci.

« La prochaine fois ». Avait-il bien entendu ou étais-ce encore les vapeurs de vodka qui le faisait entendre n’importe quoi ? Apparemment non et il en devenait grandement satisfait. Il avait eu quelque peu cette idée mais il n’avait pas encore prit soin de la formuler pour l’exposer à la jeune femme. Il préférait ne rien dire là-dessus, déjà trop heureux de pouvoir avoir les mêmes intentions qu’elle. La couverture remonter, il pourrait carrément se mettre nu dessous tellement leur chaleur rendait ce moment assez sensuel pour qu’il n’écoute qu’à peine sa belle brune. Tout ce qu’il retint, ce fut qu’elle n’était pas en couple – merveilleuse coïncidence – et qu’il ne lui avait pas laissé le temps de vraiment terminer sa phrase. Le « tant que tu » passait à la trappe et leur échange devint plus approfondie. Premier baisé non bourré. Et bien, il était encore mieux – selon l’androgyne – que ceux de hier soir. Ou bien c’était juste encore l’alcool qui le faisait rêver un peu de ce bout de paradis.

Pouvoir sentir que son piercing faisait encore tant d’effet à quelqu’un, il en sourit comme un idiot. Finalement, ce n’était pas plus mal qu’il ne passe pas par la fenêtre – non pas qu’il est envie de faire l’album, loin de là cette idée farfelue – mais il n’aurait pas pu prendre en considération qu’être avec une personne lui faisait toujours autant de bien. Quoiqu’elle lui fasse un brin plus de … de tout que les autres. C’était compliqué à expliquer avec des mots. Les gestes s’en chargeaient à la perfection pour lui. Ce petit moment de plaisir amenait à sa fin par elle. Il ne comptait pas faire plus que cela de toute façon. Le sourire de Jenny était contagieux mais il ne résisterait pas à ça, trop content pour ça.

Alors qu’il allait ouvrir la bouche pour répondre en retenant un rire, ses lèvres furent attaquées par celle de la jolie demoiselle. Comme s’il allait la repousser pour lui parler de son piercing ! Oh ça vraiment non, il n’avait pas envie du tout de parler. Il accentua ce baiser qu’elle lui avait donné en se rapprochant un peu d’elle encore. Son esprit devait calmer tous les souvenirs qui arrivaient en trombe dans sa tête. Si c’était si simple. Pourtant, il le faisait. Bizarre venant de lui, mais il ne voulait pas la brusquer. Encore plus bizarre. Il mettait ça sur le compte de la vodka, même en sachant qu’elle n’était presque plus du tout présente. Disons que c’était une excuse parmi d’autre pour se rassurer lui-même.

La tenant contre elle, son corps entier montait en chaleur mais leur échange continuait. Il se détacha d’elle à contre cœur, mais déjà rouge de gêne. Comme situation, c’était embarrassant, même après ce qu’ils avaient fait la veille. « Saleté de souvenirs » insulta-t-il envers sa mémoire, intérieurement. Il bredouilla un « excuse-moi » avant de sortir précipitamment du lit, d’éviter de justesse la porte – après le vacarme de ce matin, il trouvait ça intelligent – et entra dans la première pièce qui heureusement fut la salle de bain. Il ne s’enferma cependant pas à clé vu qu’il n’était pas chez lui – ce n’était pas faute à Jenny de lui avoir dit de faire ainsi – et resta contre la porte quelques instants.

« La honte, la honte, la honte … » se répéta-t-il à voix basse. Levant les yeux sur la douche, il se rappelait encore de hier soir. Son entre jambe n’en pouvait plus de la revoir nue. Conneries de pulsions sexuelles. Ça faisait … disons longtemps – avant cette nuit – que ça n’avait pas été si rapide et dur, vous voyez, là en bas. De plus, il n’avait plus de fond de teint, donc il devait être à présent rouge cramoisi, et la robe de chambre qu’elle lui avait gentiment prêter ne cachait plus grand chose du tout. Peut-être aurait-il préféré passer par la fenêtre au final, ça aurait été bref et sans douleur. Il ne savait même pas s’il devait mettre le verrou ou pas, aller dans la douche, qu’elle l’aide. Le célèbre Bill Kaulitz se tapait la honte devant une plus ou moins inconnue et il était totalement déboussolé. Ça pourrait limite faire un bon sujet pour la presse …

Des souvenirs assaillirent sa tête mais il la secoua pour qu’elles disparaissent en quelque sorte. Il savait ce qu’il avait à faire, mais ce n’était pas si facile dans une situation comme celle-là. S’ils avaient été chez lui, ça aurait largement moins contraignant. Il ferait avec, il n’avait pas d’autre choix de toute manière. Mais plus il se disait ça, plus des flash d’avant réapparaissaient dans sa tête. Tout se bousculait si vite qu’il en avait mal à la tête, sans parler de l’alcool qui lui tapait le cerveau de plus en plus. Toujours contre la porte, il mit sa paume de main sur son front et se le massa. Il ne prendrait pas une cuite avant plusieurs temps, c’était une sorte de promesse envers lui-même. Il n’avait d’ailleurs pas besoin de ça pour avoir des maux de tête. Pourquoi le faire alors ? Pour s’amuser, pour oublier, au moins le temps d’une nuit. C’est bien ce à quoi servir ces bouteilles au final. Malgré le fait que la réalité devenait plus dur à admettre et à affronter chaque fois.

Souvent, il avait aimé – et surtout petit – qu’une fois la nuit passée, que l’on puisse tout recommencer pour ne profiter que de certaines choses, en particulier du côté de la luxure, juste une journée. Une façon que tout le monde soit au même pied d’égalité à un instant de sa vie. Que l’on soit star une journée, ou sans abri. Conneries d’utopie improbable. Au moins il y pensait, pas comme beaucoup de monde, surtout les autres célébrités qu’il avait pu côtoyer. Être proche du monde " normal ", il le recherchait de plus en plus, sans pouvoir l’atteindre. Sortir seul, impossible. Achter des vêtements seul, impossible. Se balader dans la rue sans se faire sauter dessus par des fans, impossible aussi. La vie commençait à être de moins en moins drôle, rose, amusante, plaisante.

Cette nuit, il avait néanmoins pu le faire. Il n’avait pas été conscient de grande chose, mais si son corps pouvait se relâcher autant, c’était que son cerveau le voulait. S’il avait fait l’amour – amour !? – avec Jenny, ce n’était pas juste comme ça. Il l’avait fait – ça : passer une nuit avec une personne pour qui il n’éprouvait pas la moindre attirance mentale – sachant que le physique primait dans ce genre de cas. Pour la première fois depuis longtemps - ou la première fois tout court, il ne se souvenait plus trop – la différence le choquait. Elle se révélait attentionnée, attirée, et tous les petits détails qui valent tellement plus que « belle » ou « gentille ». Ces adjectifs conviennent à sa brune, mais ils n’étaient pas assez forts dans ce cas-ci.

En pensant à elle, il eut un moment de surprise en entendant des petits coups frappés à la porte, puis sa voix si proche du bois, de l’autre côté. Quand il parlait d’attentions de sa part, il n’avait pas tort de ne pas tomber sous le charme. Il rougit en imaginant ce qu’elle pourrait faire pour l’aider, mais il se rétracta très vite. Si – comme elle l’avait proposé et il l’avait pensé – ils se reverraient, ce dont il était persuadé, ils pourraient faire autre chose que ce qu’ils avaient entreprit et finit cette nuit, mais ça … C’était peut-être un brin trop tôt. Aussi pervers soit-il. Comme quoi, il n’était pas qu’un chieur et n’était pas si égoïste que ça. Ce sont juste les gens autour de lui qui veulent le persuader de ceci.

« Eum … Oui, ça va, enfin … Normal quoi … Je vais prendre une douche … Juste … S’il te plait, ne reste pas derrière la porte … » lui dit-il derrière la porte, avant d’enlever le peignoir et de directement aller sous la douche, en oubliant de fermer la porte. Bon, et bien, s’il lui avait dit de ne pas rentrer, elle ne le ferait pas, non ? Oui, sauf qu’il ne lui avait pas exactement formulé comme cela. Il n’y pensait déjà plus. L’eau chaude allumée, il savait qu’il allait passer un mauvais moment. Le principe étant de mettre de l’eau froide pour passer la chose, de l’eau brûlante était mal venue. Sauf qu’il ne pouvait pas supporter l’eau froide. Donc, en clair, une fois le corps totalement prit de vague de chaleur, il espérait juste qu’elle ne l’écoute pas à la porte.

Quoiqu’elle pourrait rentrer, mais son cerveau n’était qu’apte à essayer de trouver la meilleure solution pour le moins souffrir et faire au plus vite. À fixer l’eau de cette façon, on dirait vraiment qu’il n’avait pas assez dormi et trop bu. L’un dans l’autre, c’était juste. Malgré son souci accumulé. Il se décidait à entrer sous la douche en entier, et refermer derrière lui. Atroce torture. Il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas gémir de douleur et d’excitation à la fois. Il se disait que ce ne pouvait pas être pire. Et il avait raison. Enfin, pour le moment. Ses cheveux s’aplatissaient sur sa tête, et quelques idées du passé s’effaçaient pour le moment. Il allait devoir se bouger, sinon elle allait vraiment rentrer.

Prenant son courage à deux mains – ou plutôt son sexe dans une main, mais épargnons les détails – il commença quelques vas-et-viens, se faisant torture à lui-même pour ne pas non plus aller trop vite. L’épisode de la veille s’affichait clairement dans sa tête. Il n’allait pas tenir longtemps du tout. Tant mieux. Quelques gémissements passèrent dans sa bouche. Il plaquait sa main de libre contre le mur gelé et reçut un autre souvenir de plein fouet. Ce qu’ils n’avaient pas fait la douche la veille lui plairait vraiment bien, là tout de suite, mais il avait laissé la jeune femme à l’extérieur de la pièce. Quelle idiotie. « Jenny … » murmura-t-il en guise de gémissement en accélérant ses mouvements, si désordonné par ses mains tremblantes. Délicieux supplice qu’il exerçait et qui lui embrumait autant la tête que la vapeur de la pièce. Les yeux fermés, il revoyait si bien certains passages de cette nuit qu’il avait limite l’impression qu’il le refaisait à cet instant précis.

« Et merde » fulminât-il. Normalement, tout aurait du bien se passer. Faire sa " petite affaire " et rejoindre son amie pour … pour il ne savait même pas quoi, passer du temps avec elle, voilà tout. Sauf que ses souvenirs se mélangeaient avec d’autres, moins excitant – très largement – et il n’arrivait plus à se rappeler juste de cette nuit. En gros, même la chaleur de la douche de l’aidait plus en fait. Il éteignit l’eau très énervé et essayait de rester calme. Il avait senti un petit courant d’air il y a quelques minutes, mais il avait tellement cru pouvoir s’activer qu’il n’avait pas prit la peine de regarder en dehors de la cabine. Sa colère intérieure commençait à gripper alors qu’il ne trouvait toujours pas de solution à son souci. Il venait de dire – il y a un petit moment – à Jenny de ne pas rester derrière la porte. Il supposait que c’était fait. Finalement, il aurait sûrement du lui dire de rentrer et l’aider, d’une façon ou d’une autre. Sans elle physiquement, il n’allait pas la voir. En même temps, il se voyait mal de le faire devant elle. Pas top d’être spectateur de ça.

Se séchant partiellement – à savoir pas le corps du tout et à peine les cheveux – il réenfila la robe de chambre et ouvrait la porte. Elle n’était effectivement plus là. Dans l’embrasure de la porte, il ne bougeait plus. Avait-il vraiment le droit de venir contre elle et de lui demander quoique se soit ? Ils ne se connaissaient pas autant que ça. Mais ses images étaient si brouillées que c’en était insoutenables. Et chercher de la glace alors qu’il avait prit une douche, elle allait se demander s’il n’avait pas un problème. Surtout qu’il ne savait plus où était vraiment la cuisine – ou préférait ne plus s’en rappeler – alors que la chambre … Bon, au pire, elle rigolerait, il se taperait à nouveau la honte et elle garderait ça pour elle. Ouais, le plan B quoi.

Avançant lentement, il se trouvait vite devant la porte grande ouverte de la chambre. Le rouge apparut d’un coup sur ses joues. Penser au fond de teint pour la prochaine fois, il ne l’oublierait pas ! Il s’approchait d’elle, ne sachant pas vraiment si elle l’avait réellement entendu ou si elle était plongée dans ses pensées. Il n’hésita pas cependant à se glisser sous les couettes, soupirant en étant à nouveau dans un endroit chaud. Maintenant qu’il la voyait, les souvenirs se faisaient plus clairs, mais il n’y arriverait pas devant elle. Il pourrait attendre que cela passe, mais étant si proche d’elle, il avait peur qu’autre chose ne se passe sans le vouloir. Il était totalement perdu en fait et ça l’agaçait, l’énervement ayant disparu en voyant la jeune femme.

« Jenny … je … » Ne sachant pas quoi dire, il préférait se taire à ce moment précis. Ça avait été un chuchotement, mais si elle se rapprochait de lui, elle comprendrait ce qu’il n’allait pas. Il respirait lentement, essayant de penser à autre chose qu’au corps de la brune si proche du sien. Il se voyait finalement mal lui demander : " ça te dit de me donner un coup de main ? " après ce qu’il avait fait auparavant. A cet instant, il haïssait sa main, son cerveau et la vodka. Et l’eau chaude en plus ! Peut-être que s’il avait bu plus de café, ça lui aurait remit les neurones d’aplombs. Pas sûr en fait, mais bon, là, il fermait les yeux pour ne plus penser à tout ça et faire passer cette tension dans son bas ventre avec des images dégoûtantes, même si ça ne fonctionnait toujours pas.

Comment cela ne rien dire ? Enfin, comment pourrait-il se taire en fait, il devrait lui expliquer peut-être, réessayer une seconde fois, histoire de lui faire comprendre. Sauf qu’il n’en eut pas le temps car les lèvres de la demoiselle se posèrent sur les siennes et il ne put se résilier qu’à prolonger ce baiser. Plus leur corps se rapprochait, plus il en tremblait d’excitation que ce moment prenne fin, autant qu’il voudrait qu’il dure et dure encore ! Mais dans d’autres conditions … La veille revenait dans sa tête petit à petit mais le flou de l’alcool venait à chaque fois embrouiller ses quelques visions. C’est comme si tout avait un sens et non à la fois. Le genre de problème de mathématiques que l’on ne comprend qu’une fois que l’on a la solution en entier. Ce n’était peut-être pas le moment de penser à ça, surtout qu’il essayait de rassembler les petites pièces du puzzle dans sa tête qui était plutôt déconnecté, laissant à son corps tout contrôle.

Le baiser se termina très vite et il dut se confronter au regard radieux de sa partenaire. Ses membres tremblaient mais il souriait vaguement, comme si tout allait bien, alors qu’il ne savait pas si elle allait l’aider ou le planter. Elle ne le planterait pas, n’est-ce pas ? Il était si peu rassuré à ce moment précis qu’il n’en savait plus rien et son esprit ne l’aidait en rien. Il avait juste cette affreuse tension et priait pour en être débarrassé au plus vite. Il ne dut pas demander plus longtemps pour la sentir se coller à lui et l’embrasser à nouveau. Il le fit durer plus longtemps, plus intense, plus aimant ? Probablement, mais ce n’était pas encore clair dans sa tête. Un gémissement fut étouffer entre leur lèvre quand il sentit la main si douce de la brune descendre, encore et encore …

Jusqu’à se faufiler dans son unique vêtement devenu très gênant pour cet instant assez intime. Une autre plainte se perdit entre leur lèvre. Elle le touchait si délicatement qu’il aurait pu venir d’un coup, mais il préférait s’en empêcher finalement. Profiteur ? Oui, il l’assumait, mais ça lui permettait à son cerveau de se remettre en marche, ce qui était une bonne chose. Dans un élan de il-ne-savait-trop-quoi, il la prit contre elle, et la fit se mettre au-dessus de lui. Pour une première, c’en était une sans le moindre doute. Cette situation, il ne l’aurait jamais accepté en temps normal, que quelqu’un le " domine " mais en vu de ce qu’il se déroulait, ça ne faisait plus d’importance dans sa conscience.

Plus elle augmentait ses mouvements, plus il avait la tête qui tournait, mélangeant ce moment et celui de cette nuit. Il retenait quelques gémissements, lâchant quelques autres dans leur échange devenu plus sauvage de leurs lèvres collées ensemble. Il ne savait plus où donner de la tête, entourant juste de ses bras sans force autour de la taille de Jenny. Le gémissement de la jeune femme lui fit un électrochoc et il se laissa tellement allé qu’il jouit automatiquement. Sa respiration était comme une cacophonie pendant que son cœur avait cru exploser, son corps relevait quelque tremblement, son souffle percutant dans le coup de sa belle. Les images étaient enfin nettes et fixes. C’était un peu tard, évidemment.

Libéré de toute tension, il s’était relâché partiellement, le gardant toujours contre lui. Il lui glissa un « merci beaucoup » à l’oreille. Ce n’était pas grand-chose avec tout ce qu’elle avait fait jusqu’à maintenant, mais il devra lui prouver bien vite qu’il pourrait aussi lui faire plaisir. De la manière dont elle désirait. Le « je ferais tout ce que tu veux » n’était pas encore le bienvenue, mais il savait que ce ne serait que tarder. Il avait à nouveau très chaud et proposa, tout naturellement « est-ce qu’une douche te tenterait ? », sans parler des draps à changer, mais ça, ça viendrait après. Et puis, leur robe de chambre aussi en fait, mais il en avait moins conscience pour l’instant.